A l'occasion de la présidence tournante de l'Union européenne (UE), la Pologne a accueilli le 30 septembre ce qui devait la grande fête de la réconciliation Est/Ouest, le sommet du
« Partenariat oriental ».
Pour résumer, ce sommet ce sont les 27 pays de l'UE plus 6 pays de l'ex-URSS (Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan). Décidés en 2009, les objectifs officiels
sont : « accords de libre-échange, aide financière, aide à la sécurité énergétique et déplacements vers l'Union européenne (UE) sans visa » et au passage soustraire ces
pays de l'influence de Moscou. Mais le projet se heurte à certaines réalités.
Impossible pour le président biélorusse Alexandre Loukachenko de se rendre sur place car il est privé de visa dans l'UE après plusieurs élections jugées frauduleuses. Une petite délégation
biélorusse devait cependant représenter les intérêts du pays mais elle a claqué la porte au dernier moment. Minsk s'est sentie humiliée par les déclarations de l'Union européenne liant aides et
réformes.
Les 27 « appellent à la libération immédiate et à la réhabilitation de tous les prisonniers politiques, à la fin de la répression de la société civile et des médias et à l'ouverture d'un
dialogue avec l'opposition politique ». De son côté, la chancelière allemande va plus loin en déclarant en marge de la rencontre :
« On doit dire que le comportement du régime envers l'opposition est complètement inacceptable. L'opposition souffre et nous réfléchissons comment nous pouvons la soutenir ».
Justement pour ce qui est du soutien, les opposants comptent depuis toujours sur la Pologne, le pays qui aide le plus, politiquement et
matériellement, les mouvements anti-Loukachenko.
Mais comme pour faire un pied de nez à l'UE, Loukachenko s'empresse d'envoyer un message aux 27 réunis en sommet.
Des militants d'oppositions et des droits de l'homme biélorusse en visite à Varsovie pour le partenariat oriental ont précisément eu droit au retour de bâton.
« Sur le chemin du retour, certains de ces opposants se sont fait attaquer par des « inconnus », rapporte Gazeta Wyborcza. Anatole Lebedka, chef du Parti des citoyens, a été sauvé au pied de son immeuble par des voisins qui ont bloqué la rue aux assaillants.
Valery Oukhnalov et Vatsalau Arechka ont été tabassés puis ligotés par des hommes encagoulés, après que des policiers les ont enjoint d'arrêter leur véhicule. Pour sa part, Vladimir Niakliaev,
adversaire de Loukachenko dans la présidentielle en décembre 2010, est convoqué au commissariat pour s'expliquer sur son voyage en Pologne. Depuis sa condamnation à deux ans et demi de prison
avec sursis pour avoir appelé à manifester contre l'élection de Loukachenko, il a interdiction de quitter le territoire biélorusse. « Le régime veut montrer
sa force. On peut s'attendre à une vague d'attaques par des ‘inconnus'», explique-t-il. »
Pourtant ces derniers temps, pour obtenir ses crédits du FMI, le régime semblait montrer des signes de bonne volonté en libérant l'opposant Dmitri Ous. Un candidat à la présidence en décembre
2010, condamné à cinq ans et demi de prison ferme. « Il est persuadé qu'il doit sa libération aux pressions exercées par l'Union européenne et les Etats-Unis », explique le
journal Gazeta Wyborcza.
Par ses dernières répressions, Minsk veut ainsi montrer qu'elle ne cède plus aux contraintes de l'UE quitte à être une fois de plus isolée.
Le site indépendant Belorousski Partizan constate amèrement,« Loukachenko n'a plus qu'un allié, ce n'est ni la Russie, ni l'Europe, c'est la terreur ».