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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 18:14

Source : euractiv.fr 07/09/12

 

 

L’opposant historique au dernier dictateur d’Europe s’est vu refuser le droit de se présenter aux élections législatives biélorusses. Face aux difficultés financières, il craint que son pays ne tombe dans l’escarcelle russe.

 

La Cour suprême biélorusse a rejeté, mercredi 5 septembre, le recours d’Alaksandar Milinkievič, l'un des principaux chefs de l’opposition démocratique au régime d’Aleksandr Lukashenko, au pouvoir depuis 1994.

Le lauréat du prix Sakharov 2006 du Parlement européen contestait la décision de la commission électorale qui avait invalidé sa candidature aux élections législatives du 23 septembre prochain.

 

La décision de la Cour suprême vous a-t-elle surpris ?

Il ne faut pas se tromper, ces élections ne sont en rien libres. Aleksander Lukashenko considère que la démocratie n’est pas pour les Biélorusses. Ici, ce n’est pas la règle de droit qui règne mais les intérêts politiques de quelques uns. Les membres des commissions électorales sont nommés par le pouvoir en place.

 

70095080-lukashenko-and-putin-with-ballot-boxes.jpgSi le système est verrouillé, pourquoi y participer ?

Je considère qu’il n’est pas suffisant de démontrer que Lukashenko n’est pas un démocrate et de protester. Tout le monde le sait. Nous devons aussi prouver aux citoyens qu’en tant qu’opposition nous sommes des gens capables. En participant, nous leur montrons qu’une alternative crédible existe alors qu’aujourd’hui beaucoup de Biélorusses ne croient plus en personne, que ce soit le pouvoir ou l'opposition.

Ainsi, même écarté des élections, je vais continuer à soutenir la cinquantaine de candidats de notre mouvement.

 

Pensez-vous avoir la moindre chance de décrocher un des 150 sièges du Parlement alors que le scrutin va une nouvelle fois être truqué ?

Nos chances sont très faibles mais à chaque élection nous arrivons à rassembler entre 25 et 30% des électeurs. Dans le même temps, le soutien réel à Lukashenko s’amenuise, surtout à Minsk. Selon notre propre étude, il ne serait que de 17%.

Le pire ennemi du régime, c’est la situation économique du pays [ndla : qui ne cesse de se dégrader, des prêts à la Russie et la Chine ont du être contractés ces dernières années et l’inflation est gallopante]. Le modèle biélorusse repose sur un Etat très centralisé, qui contrôle 70% d'une économie qui ne fonctionnerait pas sans aide extérieure. Aucune modernisation n’a été effectuée depuis la chute de l’URSS. Le rêve de recréer le modèle chinois en Biélorussie a échoué.

Pour maintenir son pouvoir, le régime se cherche des ennemis à l’intérieur, comme l’opposition, mais aussi à l’extérieur, en particulier en façonnant un complot de l’Occident pour prendre le contrôle du pays.

 

A la veille du scrutin, la pression s’accentue-t-elle sur l’opposition ?

De mon point de vue, pas directement. Je peux faire ce que je veux, mais comme vous le savez, je ne peux pas me présenter aux élections. Nous ne disposons que d’un accès très limité aux médias. Notre atout, c’est Internet. Le taux de connexion de la population est très élevé, à un niveau similaire à celui l’Italie ou la Pologne, et il est très difficile - et très couteux - pour le gouvernement de maintenir une censure efficace.

 

L’opposition a pris une ampleur sans précédent cet hiver en Russie, au Moyen-Orient les évènements se sont enchaînés depuis un an et demi. Un changement brusque pourrait-il survenir en Biélorussie ?

Je ne suis pas partisan d’une révolution, je préfèrerai une évolution. Des troubles affaibliraient le pays. Mais si la crise économique se poursuit, un jour les gens descendront peut-être dans la rue. Et ce jour là, l’opposition devra être prête.

 

L’Union européenne a décidé de sanctions contre de nombreux responsables. Pensez-vous qu’elle devrait aller plus loin ?

Les sanctions ciblées et ponctuelles sont une bonne chose mais je suis contre lorsqu’elles sont plus larges car, dans ce cas, elles touchent les gens, pas le pouvoir, qui peut au contraire s’en servir pour se justifier.

A l’inverse, nous avons besoin de la part de l’UE d’un plus grand accès aux visas Schengen pour que les Biélorusses puissent voyager et s’ouvrir à l’Europe. Il faut que la Biélorussie s'européanise. Aujourd’hui, 70% de ses habitants ne visiteront jamais un autre pays européen. Une des raisons est le coût du visas (65 euros), deux fois plus élevé que pour les Russes ou les Ukrainiens.

 

A l’inverse, Alexander Lukashenko ne cherche-t-il pas à s’attirer les faveurs du président russe Vladimir Poutine ?

Il est fort probable qu’après les élections, le régime libère les prisonniers politiques demandés par l’UE pour tenter un rapprochement avec Bruxelles après des mois de tensions. Le pouvoir a besoin de l’UE pour moderniser le pays, même si, pour le moment, les crédits viennent effectivement de Russie.

Lukashenko craint une trop grande influence du Kremlin sur l’économie qui pourrait amener au remplacement de la rouble biélorusse par la rouble russe, ce qui signifierait la fin de notre indépendance. Les projets de Vladimir Poutine de créer une Union eurasiatique vont dans ce sens.

 

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