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28 mars 2017 2 28 /03 /mars /2017 21:22

Source : Arte TV 28/03/17

Le Bélarus est une ancienne république soviétique et elle en a gardé les méthodes. Le président Alexandre Loukachenko, qui tient le pays d'une main de fer, tente d'étouffer la contestation sociale qui grandit depuis un mois.

Samedi, au moins sept cents personnes, parmi lesquelles des journalistes biélorusses et étrangers, ont été violemment arrêtées par la police et les forces anti-émeute à Minsk lors d'une manifestation. Les autorités s'en sont également prises à des ONG de défense des droits de l'homme comme Viasna. Il s'agit de la plus forte vague de répression en Biélorussie depuis des annéées.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 10:08
La répréssion se durcit en BiélorussieLa répréssion se durcit en Biélorussie

Source : Le Point 25/03/17

La police de cette ex-république de l'URSS a effectué samedi près de 1 000 arrestations samedi, dont des observateurs étrangers, à l'occasion d'une manifestation de l'opposition.

 

La répression du mouvement d'une rare ampleur qui défie depuis plusieurs semaines le président biélorusse Alexandre Loukachenko s'est encore durcie samedi avec l'interpellation de centaines de manifestants à Minsk lors d'une journée de mobilisation de l'opposition. Les forces de l'ordre ont arrêté plusieurs dizaines de personnes, en frappant certaines, au moment où elles tentaient de se rassembler sur une place de la capitale de l'ex-république soviétique, placée sous haute surveillance policière. Empêchées de s'y rendre, un millier de personnes ont alors marché en direction du centre-ville, scandant "Honte !", avant d'être dispersées et pour nombre d'entre elles emmenées par les policiers.

"Près de 1 000" interpellations ont eu lieu dans la journée, a déclaré le directeur de l'organisation de défense des droits de l'Homme Viasna Ales Beliatski. Il était cependant difficile de déterminer le nombre exact d'arrestations, faute d'informations de la part de la police et dans la mesure où des dizaines de membres de Viasna, organisation qui les comptabilise d'habitude, ont eux-même été arrêtés le temps de la manifestation.

Taxe sur les chômeurs

Le président Loukachenko, qui dirige la Biélorussie sans partage depuis 23 ans, est confronté depuis plusieurs semaines à un mouvement sans précédent depuis plusieurs années après l'introduction d'une nouvelle taxe visant les chômeurs. Après s'être montré ouvert au compromis, il a haussé le ton cette semaine, dénonçant la préparation de "provocations armées" depuis l'étranger. Des dizaines d'arrestations ont eu lieu durant les jours précédant la manifestation de samedi, interdite, tranchant avec la détente observée depuis un an et demi sur fond de rapprochement avec les Occidentaux.

Avant même le début du rassemblement, la police antiémeute a fait irruption dans les locaux de Viasna. Selon l'organisation, "il y a eu 57 arrestations, y compris des observateurs étrangers", relâchés après la dispersion de la manifestation. "On nous a mis sur le sol, ils ont pris quelques téléphones", puis "ils nous ont mis dans un minibus et dans une salle de sport", a raconté Masha Chichtchenkova, membre franco-bélarusse de l'ONG Front Line Defenders, après avoir été relâchée. Selon cette activiste, il y a eu "sans doute plusieurs centaines" d'interpellations, ce qui constitue une répression sans précédent depuis celle contre les manifestations suivant la présidentielle de 2010. Se disant témoin d'"usage excessif de la force", Amnesty International a réclamé la libération "immédiate et inconditionnelle" de toutes les personnes interpellées.

Manifestations en province

L'opposant et poète Vladimir Nekliaïev a lui été interpellé de son côté à la frontière de Pologne, d'où il venait en train pour s'exprimer au rassemblement de Minsk. "Il est détenu à Brest", ville du sud-ouest de la Biélorussie, a indiqué sa femme Olga Nekliaïeva. Plusieurs journalistes ont été arrêtés à Minsk et à Gomel (sud-est), selon l'Association des journalistes biélorusses. Une équipe de la chaîne d'opposition Belsat, basée en Pologne, a vu sa caméra cassée.

Minsk avait été placée sous haute sécurité avec des policiers patrouillant avec des armes automatiques, ce qui n'était plus arrivé depuis des années. Les médias d'Etat gardaient eux le silence samedi soir sur les événements de la journée. Plusieurs milliers de personnes ont participé ces dernières semaines à des manifestations, y compris, fait très rare, dans des villes de province. Ils protestent contre l'introduction d'une taxe sur les "parasites" visant ceux qui travaillent moins de six mois par an.

L'initiative a choqué une partie des 9,5 millions d'habitants de ce pays qui vient de subir deux ans d'une lourde crise économique, due aux difficultés du partenaire russe et marquée par une chute du pouvoir d'achat. Plusieurs dizaines de manifestants, dont des journalistes et des chefs de l'opposition, ont été jugés après ces rassemblements et condamnés à des peines allant de la simple amende à 15 jours de prison. Ces évènements interviennent sur fond de dégel avec les Occidentaux. Alors que les relations avec Moscou, son allié traditionnel, se tendaient sur fond de crise ukrainienne, le président Loukachenko a libéré plusieurs opposants emprisonnés lors de la répression de manifestations suivant sa réélection en 2010. L'Union européenne a en réponse suspendu les sanctions le visant.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 09:59

Source : Euronews 25/03/17

La police anti-émeute a arrêté plusieurs centaines de personnes à Minsk, la capitale du Bélarus, où le président Alexandre Loukachenko est confronté à un vaste mouvement de mécontentement depuis plusieurs semaines. 

Les manifestants réclamaient démission d’Alexandre Loukachenko et l’annulation d’une taxe visant les chômeurs qui travaillent moins de six mois par an.

Alexandre Loukachenko est au pouvoir depuis 23 ans et il avait prévenu que les forces de l’ordre s’occuperaient des “provocateurs”. Il avait également accusé des manifestants de préparer des “provocations armées” fomentées depuis l‘étranger. 

Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées avant même la manifestation. 

La police anti-émeute a notamment fait irruption dans les locaux de l’organisation de défense des droits de l’homme Viasna où une cinquantaine de personnes a été interpellée. 

L’ex-candidat à la présidentielle Vladimir Nekliaïev a également été arrêté alors qu’il tentait de se rendre à Minsk pour participer à la manifestation.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 09:56
Une manifestation à Bobruïsk, en Biélorussie le 12 mars. Sur les pancartes, «Non au décret, oui au travail» et «Ensemble, nous sommes une force».

Une manifestation à Bobruïsk, en Biélorussie le 12 mars. Sur les pancartes, «Non au décret, oui au travail» et «Ensemble, nous sommes une force».

Source : Libération 14/03/17

Des milliers de personnes investissent les rues pour crier leur colère contre le «décret numéro 3», qui vise à lutter contre l'assistanat social. Une nouvelle lubie du président Loukachenko, au pouvoir depuis 23 ans.

 

 

Jusqu’à quinze jours de cachot, c’est la punition pour avoir participé à des manifestations qui ont agité ces dernières semaines plusieurs villes de Biélorussie. Les tribunaux de Brest, Orcha, Homiel ou encore Moguilev jugent et condamnent opposants politiques, militants et journalistes indépendants pour avoir pris part, ou simplement couvert, des rassemblements de mécontents qui protestent contre un nouvel impôt social.

Les protestations publiques ne sont pas une pratique courante au pays d’Alexandre Loukachenko, le «dernier dictateur d’Europe», qui a l’habitude de réprimer les manifestations et jeter ses opposants en prison. Mais depuis la mi-février, des milliers de personnes descendent régulièrement dans la rue, à travers tout le pays, pour crier leur colère contre le «décret numéro 3». Officiellement, le pouvoir cherche à lutter contre «l’assistanat social», en obligeant ceux qui travaillent moins de six mois par an à payer l’équivalent de 200 euros annuels, pour compenser les dépenses sociales de l’Etat. Mais, en ces temps de crise économique, cette mesure, baptisée dans le peuple «décret sur le parasitisme», en référence à la pénalisation du «parasitisme social» à l’époque soviétique, est perçue comme une taxe injuste visant les plus vulnérables.

Chômeurs, retraités, écrivains, etc.

Dans sa première mouture, adoptée en avril 2015, la mesure concerne principalement les chômeurs et les retraités, mais aussi des écrivains, des artistes et des mères au foyer. Soit près de 470 000 personnes qui ont reçu des courriers de la part des services fiscaux. Plus de 54 000 Biélorusses se sont déjà docilement acquittées de l’impôt. Mais quelques jours avant la date limite, fixée au 20 février, les mécontents ont décidé de descendre dans la rue. Contrairement à la tradition, les autorités n’ont pas dispersé les premiers rassemblements pacifiques et ont laissé faire les manifestants.

Plus surprenant encore, le très autoritaire Loukachenko s’est rétracté face au mécontentement populaire. Le 9 mars, il suspend pour un an la collecte de la taxe, le temps de parfaire la mesure, sans pour autant l’annuler. Le même jour, certaines catégories de personnes sont exclues de la liste : les mères s’occupant d’enfants de moins de 7 ans, les enfants qui gardent leurs parents malades, les jeunes gens en service militaire alternatif, les propriétaires d’exploitations vivrières. Mais les «marches des non-parasites» se poursuivent néanmoins les jours suivants et les interpellations se multiplient dans différentes villes.

 
Autoritarisme et paternalisme

«Ce décret est la dernière goutte qui a fait déborder le vase, commente Ioulia Shukan, sociologue à l’université Paris-Nanterre. En réalité, les problèmes sont beaucoup plus profonds. Cette mobilisation spontanée révèle les limites de la gouvernance économique de Loukachenko.»L’inamovible président biélorusse, au pouvoir depuis 23 ans, promeut un modèle économique paternaliste fondé sur la répartition des richesses, la stabilité de l’emploi et des retraites, un chômage faible et maîtrisé. Or, depuis 2014, l’économie est en récession : le pouvoir d’achat chute, les salaires stagnent, et même l’habituelle revalorisation des retraites, qui précède chaque élection présidentielle, n’a pas été mise œuvre en 2015. Le chômage, officiellement de 1%, est en réalité d’au moins 6%.

L’opposition politique, qui avait chèrement payé sa contestation des résultats de l’élection présidentielle en 2010, tente de capitaliser sur le mécontentement – on entend ça et là des slogans anti-Loukachenko –, mais le mouvement ne se départit pas, même après plusieurs semaines, de sa dimension sociale et économique. «Les gens sont sortis dans la rue non pas pour demander des réformes ou réclamer des libertés – la plupart votent sûrement pour Loukachenko –, mais pour exiger que le pouvoir remplisse son contrat social, prenne plus en charge les citoyens, insiste Shukan. Ce même pouvoir hésite actuellement entre la répression et la négociation.»

De fait, le président biélorusse se trouve dans une position délicate : écraser la contestation remettrait en cause les avancées dans les relations avec l’Union européenne, avec laquelle Minsk a engagé un rapprochement tactique depuis 2014. Pour prendre ses distances avec Moscou et obtenir la suspension des sanctions contre son régime, Loukachenko a fait une série de concessions en politique intérieure, en libérant des opposants. «C’est aussi ce desserrage de vis qui a poussé les gens à manifester, conclut l’experte. Mais ce n’est pas une révolution.»

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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 17:36

Source : Euronews 19/02/17

 

 

Après Minsk, la contestation s‘étend aux autres villes du Bélarus, dans un pays où les manifestations sont rares, par peur de la répression.

Des milliers de personnes ont dénoncé ce dimanche la taxe dite “sur les parasites”, un décret présidentiel imposant aux chômeurs de payer un impôt équivalent à environ 190 euros par an.

“J’ai travaillé dans une école maternelle pendant 25 ans”, indique l’une des manifestantes à Gomel.
“J’ai une retraite de deux millions de roubles (environ 370 dollars), et je dépense 1,5 million de roubles (280 dollars) dans les charges alors que le président est tellement joufflu qu’il ne rentrera bientôt plus dans un écran de télévision. Tout le gouvernement s’en met plein les poches à nos dépends”.

Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, considère que les personnes travaillant moins de six mois dans l’année (moins de 183 jours) génèrent un manque à gagner fiscal pour l’Etat, qu’il entend ainsi récupérer.

A Mogilev, une manifestante explique que toute sa famille travaille mais qu’elle connaît “des gens pour qui des spaghettis sont un luxe”“Et ce sont ces personnes que l’on appelle des parasites ou des alcooliques”, s’indigne-t-elle.

Cette taxe rappelle l‘ère soviétique. A l‘époque le “parasitisme” était considéré comme un délit.

10% seulement des 430 000 Bélarusses concernés par la mesure se sont acquittés de l’impôt à la veille de la date butoir (ce lundi) pour le payer.

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 15:18

Source : Euronews 13/09/16

 

Au Belarus, une centaine de membres de l'opposition ont manifesté - fait rare - dans la capitale Minsk.
Brandissant des drapeaux rouges et blancs, emblèmes de l'indépendance du pays, ils ont appelé au changement.
La semaine dernière, deux membres de l'opposition ont fait leur entrée au Parlement.
Cet événement, qui constitue une première en 20 ans, divise les défenseurs de la démocratie, dont certains pointent une manipulation du président Lukachenko, au pouvoir depuis 1994.

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 14:51

Source : Le Figaro 12/09/16

 

Les députés du camp du président biélorusse Alexandre Loukachenko gardent le pouvoir à l'issue des élections législatives qui se sont tenues hier dans le pays, mais pour la première fois en 20 ans, l'opposition a remporté un siège au Parlement.

L'opposition n'a pas été représentée au sein de la Chambre de 110 sièges depuis 1996, et ne s'attendait hier à aucune victoire. Mais en réponse à des appels occidentaux à la transparence, les candidats ont pu s'inscrire plus facilement et des observateurs externes ont eu accès au décompte.

A la tête du pays depuis 1994, Alexandre Loukachenko reste étroitement allié à Moscou. Cependant, des fissures sont apparues dans cette alliance après l'annexion russe de la Crimée en 2014, et Minsk semble depuis se tourner vers l'Europe. Anna Konopatskaya, membre de l'opposition du Parti civil uni de Biélorussie, siégera désormais au Parlement, montrent les résultats des élections. La candidate indépendante Elena Anisim, liée à l'opposition, a également été élue députée. Bien que la présence des deux députées laisse le paysage politique presque inchangé, elle témoigne toutefois des concessions que le gouvernement entend faire pour stimuler ses relations avec l'Occident.

"Nous avons fait tout ce qu'il fallait pour qu'il n'y ait pas de réclamation du côté occidental. Nous avons satisfait leurs demandes", a dit à des journalistes le président biélorusse après avoir déposé son bulletin à Minsk.

L'Union européenne a levé en février les sanctions économiques imposées depuis cinq ans à la Biélorussie et à son président, justifiant sa décision par l'amélioration de la situation des droits de l'Homme.

Biélorussie: première historique pour l'opposition
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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 15:14

Source : Euronews 24/07/16

 

Le journaliste Pavel Cheremet a été enterré ce samedi à Minsk en Biélorussie. Mercredi dernier, ce reporter russe de 44 ans reconnu pour son indépendance avait été assassiné en Ukraine dans un attentat à la voiture piégée. C’est une bombe placée sous son véhicule qui l’a tué alors qu’il s’apprêtait à conduire dans le centre de Kiev.

“Cet assassinat prouve que les journalistes courageux et honnêtes ne sont pas les bienvenus dans nos pays”, a déclaré Igor Rynkevic, représentant une ONGde la société civile bélarusse. “Quelles que soient les différentes versions des faits, cette exécution politique qui s’est déroulée en plein centre de Kiev montre que les journalistes sont dans la ligne de mire”.

Des milliers de personnes ont tenu à rendre hommage au journaliste qui était particulièrement critique à l‘égard de tous les pouvoirs.

“Ils ont tué une personne célébrée dans trois pays”, a déclaré l‘écrivain et opposant bélarusse Vladimir Niékliaïev qui accuse le Kremlin d’avoir commandité son meurtre.

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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 17:00
Le journaliste biélorusse Pavel Cheremet assassiné à Kiev

Source : Le Monde 20/07/16

 

 

Investigateur infatigable, célébré pour sa droiture et son professionnalisme, le journaliste Pavel Cheremet est mort à Kiev, mercredi 20 juillet, à 7 h 45, dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait. Le séisme que risque de provoquer cet assassinat est à la hauteur de la carrière de Cheremet. Journaliste de 44 ans, d’origine biélorusse, il avait longtemps travaillé en Russie avant de choisir de s’exiler en Ukraine, où il avait repris son rôle favori, celui de poil à gratter des pouvoirs en place, politiques autant qu’économiques.


Mercredi matin, le président ukrainien, Petro Porochenko, a évoqué une « terrible tragédie » et un « choc », pendant que la cheffe de la police ukrainienne, Khatia Dekanoidze, proche de la victime, assurait faire de cette enquête « une question d’honneur ». Pour l’heure, la police se dit seulement capable de confirmer la thèse d’un « assassinat prémédité », évoquant une bombe placée sous le siège du conducteur.

Grande figure du journalisme ukrainien

L’enquête s’annonce d’autant plus difficile que la voiture, qui a explosé en plein centre de Kiev, à 7 h 45, après avoir parcouru quelques dizaines de mètres, n’appartenait pas à Pavel Cheremet, mais à sa compagne, Alena Pritoula. Celle-ci est une autre grande figure du journalisme ukrainien, directrice du site Internet Ukraïnska Pravda, l’un des médias du pays les plus critiques vis-à-vis du pouvoir, et dont les enquêtes écorchent régulièrement la réputation des grands oligarques du pays.

Pavel Cheremet travaillait pour cette publication et animait également une émission matinale sur la radio en langue russe Vesti.

Mme Pritoula avait cofondé Ukraïnska Pravda en 2000 avec Gueorgui Gongadze, dont l’assassinat, la même année, avait profondément bouleversé l’Ukraine et constitué l’un des ingrédients du déclenchement de la « révolution orange », en 2004. Quelle que soit la direction que prendra l’enquête, l’ombre de Gongadze pèsera sur celle-ci, ainsi que la perspective d’une crise politique d’importance en Ukraine.

Sinueuse carrière aux nombreuses distinctions

Avant de travailler pour Ukraïnska Pravda, dont il était devenu le directeur exécutif, Pavel Cheremet aura connu une longue et sinueuse carrière. Né en 1971 à Minsk, il a longtemps travaillé, après l’indépendance de 1991, pour la télévision biélorusse et pour le bureau local de la télévision d’Etat russe. En Biélorussie, il se trouve rapidement en butte avec le pouvoir d’Alexandre Loukachenko, qui l’emprisonnera brièvement en 1998, avant de le priver de sa nationalité en 2010.

En Russie, le journaliste rejoint les cercles libéraux, devenant notamment l’ami du dirigeant d’opposition Boris Nemtsov, assassiné en février 2015. Il collabore au journal Ogoniok et à la télévision REN-TV, alors encore indépendante. La détérioration du climat politique en Russie le pousse à un nouvel exil en 2012. A partir de 2014, il commence sa collaboration avec Ukraïnska Pravda. Vif, de caractère joyeux mais entier, Pavel Cheremet avait reçu de nombreuses distinctions, célébrant notamment son courage professionnel.

 

Le journaliste biélorusse Pavel Cheremet assassiné à Kiev
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10 juillet 2016 7 10 /07 /juillet /2016 12:50
Le Bélarus utilise des entreprises de télécommunications pour museler la dissidence

Source : Amnesty International  07/07/16

 

 

Les autorités du Bélarus utilisent des réseaux téléphoniques gérés par certaines des plus importantes entreprises de télécommunications au monde pour brider la liberté d'expression et museler la dissidence, a écrit Amnesty International dans un rapport rendu public le 7 juillet.

Ce rapport, intitulé « Il suffit que les gens pensent que ça existe » - Société civile, culture du secret et surveillance au Bélarus, montre qu'une surveillance potentiellement illimitée, exercée 24 heures sur 24 et non contrôlée a des effets désastreux sur les militants des ONG, car leurs activités les plus anodines, comme le fait de fixer un rendez-vous par téléphone, leur font alors courir des risques.

« Dans un pays où le fait de manifester ou de critiquer le président peut entraîner une arrestation, le risque d'être espionnés par les autorités empêche dans une large mesure les militants de faire leur travail », a déclaré Joshua Franco, chercheur sur les technologies et les droits humains à Amnesty International.

Des entreprises de télécommunications, dont certaines appartiennent à Telekom Austria Group et à Turkcell, rendent cela possible en accordant au gouvernement un accès quasi illimité aux communications et aux données personnelles de leurs clients. Pour pouvoir mener des activités au Bélarus, elles sont tenues de donner aux autorités un accès à distance à toutes les communications par téléphone et par Internet de leurs utilisateurs.

« Les entreprises qui ont des activités au Bélarus ont laissé les autorités obtenir les données qu'elles voulaient, au moment où elles les voulaient. Dès lors, si le KGB, par exemple, veut les espionner, il n'a pas besoin de présenter un mandat, il n'a pas besoin de demander à l'entreprise qu'elle lui accorde un accès aux informations, a déclaré Joshua Franco.

« Les entreprises de télécommunications ont de lourdes responsabilités. La technologie favorise généralement la liberté d'expression, mais l'expansion des technologies de l'information au Bélarus a eu pour effet d'accroître les risques de répression. Il faut absolument que les entreprises de télécommunications opposent une résistance face aux abus liés aux technologies des communications qui se traduisent par des violations du droit au respect de la vie privée et du droit à la liberté d'expression.

« L'avenir en matière de liberté sur Internet dépend de l'attitude des entreprises de télécommunications : elles peuvent soit s'opposer aux mesures gouvernementales qui outrepassent les limites en ce qui concerne le respect de la vie privée et de la liberté d'expression, soit respecter ces mesures afin de protéger leur chiffre d'affaires. »

La surveillance gouvernementale intensive paralyse les militants

Au Bélarus, le KGB et d'autres services de sécurité ont accès librement, sans interruption et à distance aux communications, en temps réel et archivées, par téléphone et par Internet.

Ce rapport se base sur des entretiens réalisés entre août 2015 et mai 2016 avec plus de 50 militants des droits humains, journalistes, avocats, membres de l'opposition politique et experts en matière de technologies, entre autres, qui se trouvent soit au Bélarus soit en exil. Il montre que la crainte d'être sous surveillance affecte la vie privée, la liberté d'expression et les libertés de réunion pacifique et d'association.

Des militants ont dit à Amnesty International que le secret absolu entourant les activités de surveillance les force à supposer qu'ils sont en permanence surveillés. Un journaliste indépendant, dont l'identité n'est pas révélée, a déclaré :

« La plupart des gens n'osent pas parler ouvertement par téléphone. C'est comme si cela faisait partie de notre mentalité. On a depuis toujours l'impression de vivre dans la peur, que tout est dangereux, et qu'on ne peut exercer aucun contrôle ni aucune influence sur cette situation. Je pars du principe que tout ce que je dis entre quatre murs ou par téléphone et tout ce que j'écris dans des courriels parvient au KGB. »

Le simple fait de rechercher des financements pour une organisation, de passer des coups de fil ou d'organiser une réunion comporte des risques ; les militants disent qu'ils craignent de voir les informations sur leur vie privée ou leur situation financière utilisées pour engager contre eux des poursuites, pour les discréditer ou pour les soumettre à un chantage.

Des militants ont aussi expliqué à Amnesty International que la police était manifestement informée de l'heure et du lieu de leurs réunions, manifestations et autres activités publiques avant qu'elles n'aient eu lieu, même quand ils n'avaient fait que parler au téléphone de ces activités.

« Pour les militants des droits humains au Bélarus, l'encodage représente la dernière ligne de défense contre un État répressif et son puissant appareil de surveillance. Les gouvernements de par le monde qui veulent restreindre l'encodage et renforcer la surveillance doivent être conscients des conséquences que de telles mesures risquent d'avoir sur les droits humains », a déclaré Joshua Franco.

Les autorités du Bélarus ont accès sans aucune restriction aux communications

La législation du Bélarus oblige les entreprises à rendre leur réseau compatible avec le système technique SORM (un acronyme qui peut se traduire par « Système informatique pour les opérations de recherche »), qui permet aux autorités d'avoir accès aux communications sans avoir besoin de faire appel à l'opérateur ou même de l'en informer. Les entreprises doivent aussi conserver les informations sur les équipements et les services Internet de leurs clients pendant cinq à dix ans, afin que les autorités puissent continuer d'y accéder à distance.

L'utilisation de ce système est peu contrôlée et aucune information n'est rendue publique quant à la fréquence de son utilisation et aux buts recherchés. Les autorités recourent à des arguments très imprécis pour justifier cette surveillance sur le plan juridique. Par exemple, les menaces pesant sur la sécurité nationale peuvent justifier cette surveillance, mais la législation du Bélarus prévoit 30 types différents de menaces pour la sécurité nationale, notamment le « recul du bien-être et de la qualité de vie », la « hausse du chômage », les « investissements étrangers inadéquats ou de mauvaise qualité » et les « tentatives de détruire les traditions spirituelles et morales du pays et les révisions tendancieuses de l'histoire ». Les autorités n'ont pas besoin de l'approbation d'un juge ou d'une décision de justice pour lancer une opération de surveillance.

Amnesty International demande au gouvernement du Bélarus de mettre en place des mécanismes de contrôle des pratiques de surveillance afin de les mettre en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains.

Amnesty International demande également aux entreprises de télécommunications qui détiennent en totalité ou en partie des opérateurs au Bélarus de contester les lois qui les empêchent de protéger la vie privée de leurs clients, et d'informer leurs clients dans ce pays du fait que les autorités pourront à tout moment avoir accès à leurs données personnelles.

Les entreprises internationales de télécommunications en cause

Les trois plus importants opérateurs de téléphonie mobile au Bélarus appartiennent en partie à des entreprises étrangères :

  • Velcom, filiale de Telekom Austria Group, qui la détient en totalité. Telekom Austria a dit à Amnesty International qu'elle était obligée de respecter la législation du Bélarus. Elle ne publie aucune information sur la gestion de l'accès aux données des clients de Velcom ; Telekom Austria, détenue en majorité par América Móvil. América Móvil n'a pas répondu aux lettres qu'Amnesty International lui a adressées ;
  • Life:), détenue à 80 % par l'entreprise turque Turkcell, qui est elle-même détenue à 38 % par l'entreprise suédoise Teliasonera. Teliasonera a dit à Amnesty International qu'elle a pour politique de s'opposer fermement à l'accès direct aux données relatives aux communications, mais ajouté qu'elle ne se considère pas comme responsable des agissements de Turkcell car elle n'en est pas l'actionnaire majoritaire. Turkcell n'a pas répondu aux lettres qu'Amnesty International lui a adressées ;
  • MTS, détenue conjointement par l'entreprise russe MTS et par Beltelecom, l'entreprise d'État bélarussienne. MTS (Belarus) n'a pas répondu aux lettres qu'Amnesty International lui a adressées.

Amnesty International estime que ces entreprises violent les normes bien établies sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains. Aux termes des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, la législation du pays où une entreprise mène des activités ne peut pas être invoquée pour justifier des atteintes aux droits humains.

« La surveillance de la vie privée n'est pas un phénomène nouveau au Bélarus, mais les nouvelles technologies l'amènent à un niveau sans précédent. Les autorités disposent à présent de tout un arsenal d'outils de surveillance qui leur permet d'avoir accès sans aucune restriction aux données qui relèvent de la vie privée. Le KGB utilise les données de géolocalisation des téléphones pour savoir où une personne se trouve, et avec qui. Maintenant, quand on a un téléphone portable dans sa poche, c'est comme si on avait un policier collé à soi », a déclaré Joshua Franco.

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