Source : Romandie 19/09/12
Le Bélarus, où se déroulent dimanche des élections législatives, a émergé de la profonde crise économique qu'il a traversé l'an dernier, mais cette ex-république soviétique reste sur
le fil du rasoir, faute d'avoir mené d'indispensables réformes structurelles.
Le pays, dirigé d'une main de fer par le président Alexandre Loukachenko depuis 18 ans et très isolé sur la scène internationale, a réussi à remonter la pente après son quasi-naufrage en 2011.
Les signaux virent au rouge
Dépourvu de ressources naturelles et très dépendant de fait des importations, le Bélarus, un pays à l'économie planifiée, avait vu son déficit commercial se creuser à des profondeurs abyssales en
raison de la hausse des prix des matières premières. La situation avait été aggravée par les dépenses populistes réalisées à l'approche de l'élection présidentielle de 2010.
L'inflation s'était par ailleurs emballée pour atteindre à la fin de l'année le chiffre record de 108%.
Les autorités ont alors été contraintes de dévaluer à plusieurs reprises le rouble bélarusse et de céder le contrôle du système de gazoducs du pays à son puissant voisin russe en échange de
plusieurs crédits.
Les résultats ne se sont pas fait attendre: l'inflation a nettement ralenti pour s'établir depuis janvier à 12%, et les autorités tablent sur une croissance de 5,5% du produit intérieur brut pour
l'ensemble de l'année et de 8,5% en 2013.
Toutefois, le salaire moyen n'a toujours pas retrouvé son niveau de 2010, s'établissant à 464 dollars (353 euros) et la population craint toujours une nouvelle crise. La société ne croit pas que
la stabilisation du rouble bélarusse va durer, commente l'analyste Dmitri Zaïats.
Réformer ?
Les autorités n'ont en effet procédé à aucune réforme structurelle, en dépit des appels répétés du Fonds monétaire international et de la Russie.
Le spectre d'un nouveau plongeon de la balance commerciale plane, d'autant que Minsk est impliqué depuis quelques semaines dans une dispute commerciale avec Moscou qui pourrait lui coûter
cher.
La Russie a en effet accusé récemment son voisin d'exporter des produits pétroliers russes en les faisant passer pour des lubrifiants, afin de ne pas avoir à reverser à Moscou de taxes
d'exportation.
En guise de représailles, les Russes ont interrompu les livraisons de matières premières pour fabriquer des dissolvants, empêchant de fait le Bélarus d'en exporter.
Cela va être très difficile de trouver des devises pour combler le trou occasionné, estime l'analyste Tatiana Manenok, soulignant le manque de compétitivité à l'étranger des produits bélarusses
et la réticence des investisseurs étrangers à s'engager dans le pays.
Privatiser ?
Par ailleurs, le problème du remboursement des dettes déjà contractées commence à se poser, observe l'économiste Sergueï Tchaly.
D'ici la fin de l'année, il faut rendre un milliard de dollars, l'année prochaine trois. Je ne vois pas où on va les trouver, si ce n'est en vidant les réserves de devises, explique-t-il,
ajoutant que la seule issue à court terme pour M. Loukachenko était de lancer un programme de privatisation.
Les autorités bélarusses s'étaient d'ailleurs engagées, lorsqu'elles avaient obtenu un crédit de trois milliards de dollars de la part de la Russie et d'autres partenaires de l'ex-URSS, à
procéder à la vente d'une série de sociétés stratégiques du pays, convoitées par Moscou.
Mais M. Loukachenko, qui s'oppose à la cession de fleurons tels que le producteur d'engrais Belaruskali, a récemment supprimé par décret la liste qui avait été préparée à cette occasion.